Historique

a) Architecture et décoration. Entre 1265 et 1280, le comte de Vianden fit édifier, au milieu des marais qui bordaient le comté de Namur, une énorme forteresse, destinée à protéger le sud du duché de Brabant. La construction s’inspire du «carré savoyard» et reprend le plan du LOUVRE, palais fortifié du roi de France Philippe-Auguste (1165-1223). C’est un pentagone dominé par un châtelet d’entrée que flanquent deux tours de garde et qui est protégé par des murs de pierre de quatre mètres d’épaisseur. Quatre autres tours en bordent les angles, tandis qu’une chapelle majestueuse, vouée à Notre-Dame, forme le nœud de la fortification. Autrefois se dressait dans la cour un grand donjon de pierre qui fut détruit entre 1718 et 1743.

A cette époque, Joseph-Ignace de Nassau, premier comte de Corroy (1693), modifia la cour intérieure pour faire entrer dans les appartements du Moyen Âge plus de lumière et de confort. Quelques éléments furent apportés au XIXe siècle et au XXe siècle, donnant à cette forteresse austère des salons et des cages d’escalier magnifiquement décorés et meublés. C’est ainsi que le grand hall néogothique de 1863 précède la chapelle du XIIIe siècle et que deux pièces attirent particulièrement l’attention : une salle à manger de marbre (1848) unique en Europe, avec ses plafonds peints par Jean Robie, et un salon orné de toiles décoratives admirables (vers 1770) provenant de l’ancien hôtel de Villegas à Bruxelles. Disséminée dans les autres pièces, une exceptionnelle collection de pendules anciennes a fait l’objet d’un dépôt par le chevalier Alexandre de Selliers de Moranville.

Les autres salons abritent des meubles et objets de famille ainsi que le beau mobilier de l’Association Royale des Demeures Historiques, incluant le legs de la princesse Sapieha-Kodenski.

b) Histoire. Dès 1095, il est fait mention à Corroy d’une puissante famille noble : les seigneurs d’Orbais. En 1200, Alix d’Orbais épouse Guillaume de Brabant, sire de Perwez, fils du duc Godefroid III. Leur petite-fille, Marie de Brabant, transmet en 1247 le château à Philippe, comte de Vianden, petit-fils, par sa mère, de Pierre de Courtenay, empereur latin de Constantinople. En 1349, la dernière comtesse de Vianden prend pour mari le comte de Sponheim en Allemagne. Leur fille Elisabeth, sera l’épouse en secondes noces de Robert de Bavière, fils aîné de l’empereur Robert III. N’ayant pas d’enfants, elle cède en 1417 tous ses droits à Engelbert, comte de Nassau-Dillenburg, petit-fils d’Adélaïde de Vianden.

Les Nassau resteront quatre siècles à Corroy. En 1540, le prince d’Orange, René de Nassau-Chalon, fera don du château et de la seigneurie à son frère aîné, Alexis de Nassau (légitimé par Charles Quint en 1530) qui fonde la branche des comtes de Nassau-Corroy. La terre de Corroy elle-même est érigée en comté par Charles II d’Espagne en 1693.

En 1803, l’unique héritière de cette famille, Amélie de Nassau, épouse Gillion, marquis de Trazegnies et d’Ittre. Le château est toujours occupé par Olivier, quinzième marquis de Trazegnies. Ce dernier, via une société patrimoniale, qui est devenue MARQUIS de TRAZEGNIES – COMTE de NASSAU SA, a fait don en 2010 du château de Corroy à l’ASSOCIATION ROYALE DES DEMEURES HISTORIQUES & JARDINS DE BELGIQUE, présidée par S.A.R. le Prince Lorenz. (voir http://www.demeures-historiques.be/fr/index.php)