LES COMTES de VILLEGAS de SAINT PIERRE
et les COMTES de PERALTA y CASCALES
(résumé d’un article bien plus long)
Le 27 juillet 1798 (9 thermidor an VI), Balthazar-Joseph-Charles-Ghislain de Villegas, dit le « chevalier de Saint Pierre », troisième fils de Gaspard-Bernard de Villegas, comte de Saint Pierre Jette, et de Marguerite van der Laen, vicomtesse de la Thieuloye, épousait en secondes noces, Marie-Louise, comtesse de Peralta y Cascalès, dame de Louvignies, fille de Philippe-Joseph et de Marie-Thérèse de Maillen. Elle était l’ultime représentante d’une branche installée en Belgique depuis plus d’un siècle.
Cette branche des Villegas – comme celle des Peralta belgo-navarrais – s’est éteinte rétrospectivement en 1971 dans les Trazegnies, lors du décès de la comtesse Albertine de Villegas de Saint Pierre, cousine germaine de mon grand-père, Othon de Trazegnies.
LES SEIGNEURS de PERALTA
Le château de Peralta en Navarre signifie tout simplement qu’il était bâti sur une position dominante (Hauteroche, Hohenstein, Rochehaut, Castel di Monte, etc.). En 1880, Don Manuel M. de Peralta a écrit une Histoire généalogique de l’ancienne et illustre MAISON DE PERALTA. Ce livre n’est pas d’un très grand secours, car il ne consiste pas en une généalogie proprement dite, mais en une énumération de gloires attribuées à différents porteurs du nom dont la filiation agnatique semble assez obscure. Tout commence dans un Xe siècle improbable avec des Peralta, aussi riches que vaillants, qui font trembler les rois et les comtes de l’époque ou qui les servent avec tant de virtuosité qu’ils se servent au passage. En revanche, au XIVe siècle, les Peralta de Navarre étaient qualifiés de « ricos hombres ». Mais je ne m’appesantis pas dans ces brouillards de la haute époque, vu que l’origine de « mes » Peralta me paraît différente et surtout par le fait qu’il me faudrait un séjour de dix ans dans les archives espagnoles pour y voir plus clair.
Je commence par un tableau généalogique qui me permettra d’affiner mon raisonnement.
Pour résumer, il y eut trois familles de Peralta : les Martinez de Peralta, les Capétiens de la main gauche et leurs héritiers, les Carrillo, issus du batifolage d’un cardinal. Mais quel cardinal ! Il fut à la fois le conseiller et l’ennemi d’Henri IV, le partisan de la reine Isabel et l’organisateur de son mariage avec Ferdinand d’Aragon, leur homme de confiance, puis leur adversaire lorsque les rois catholiques devinrent trop autoritaires…
Durant la guerre de succession de Navarre que je n’expose pas ici : Pierre le Jeune, premier comte de Santisteban puis Grand connétable de Navarre, sera décrit un personnage d’une énergie invincible, un des caudillos les plus étonnants du XVe siècle espagnol . Il sera comblé d’honneurs par Ferdinand et Isabelle, les rois catholiques. Martin sera un guerrier remarquable et aussi le chancelier de la Reine (Jeanne Enriquez). Jean II lui fera don des seigneuries de Valtierra et d’Arguedas. Il faut ajouter que leur père, Pierre l’Ancien (fils illégitime de Pierre d’Evreux-Navarre) avait déjà brillé lors de nombreuses ambassades à la cour de Charles VI, au moment du conflit entre les Armagnacs et les Bourguignons. Cela peut expliquer que son fils ait épousé une fille naturelle d’Antoine de Bourgogne, duc de Brabant. Par la suite, c’est lui qui ramena de Naples la reine Blanche 1ère pour lui faire épouser Jean d’Aragon.
Château de Marcilla, appartenant aux Peralta de Santisteban
Cette descente généalogique résulte d’un dossier assez touffu que nous avons à Corroy. Outre des documents originaux relatifs aux Peralta de Louvignies, ce dossier contient des certificats nombreux des chambres héraldiques et généalogiques espagnoles, accompagnés d’attestations de différents notaires royaux, y compris lorsqu’un texte en espagnol était joint à une traduction française, due à un traducteur juré.
Nous savons tous que nos ancêtres fantasmaient énormément en matière de généalogie. Il faut donc prendre ces informations avec une grande prudence. A titre d’exemple, on trouve la preuve dans la Revista Hidalguia, numéro 6, Año 1954, pp. 491 et 492, que le fameux Martin de Peralta-Navarre s’était bien marié trois fois. De sa première épousa naquirent Pierre et Isabel ; de la seconde, une fille unique Marina et de la troisième, Martin, Léon et Perarnaut. Pas de trace d’un Alfonso dans ce schéma. En outre celui-ci aurait eu pour mère Marie de Villaespesa (gén. XIXe siècle) ou Leonor Tellez de Menesses (gén. XVIIIe siècle). Le rattachement était bien essayé, mais semble complètement raté.
Il ressort de cette dernière compilation un élément très important : le transfert des Peralta de Simancas à Ségovie vers 1623.
Avant de continuer, je voudrais casser une légende : celle que les archives espagnoles seraient moins fiables que les documents tenus et conservés dans les pays du Nord. L’Espagne est une civilisation de Droit romain, avec une grande culture de l’écrit et de la procédure. Lorsque Pizarro, lors de sa quatrième tentative de conquérir l’Empire inca, s’avança avec 180 hommes dans un pays inconnu, peuplé de millions d’habitants, et qu’il captura l’empereur Atahualpa à la bataille de Cajamarca (16 novembre 1532), il avait pris soin d’emmener avec lui un notaire royal, comme le fit bien plus tôt son cousin Cortès. C’est ainsi que le procès d’Atahualpa en 1533, même s’il était purement politique et expéditif, fut mené dans les formes légales (juge, procureur, avocat et notaire). L’affaire est atroce, mais le souci de « légalité » correspond à la mentalité espagnole.
Si l’on sait que nos Peralta sont venus de Simancas, le nom du gouverneur du château où, depuis 1540, sont installées les archives officielles d’Espagne, est livré par la correspondance de Philippe II : Felipe II confirma la tenencia de la fortaleza de Simancas (Valladolid), a Eugenio [Carrillo] Ramírez de Peralta (voir ce dernier nom sur le site officiel des Archives d’Espagne, cf. Internet). On ne peut soupçonner un tel organisme d’informations mal vérifiées. Ainsi l’homme qui joua un rôle visqueux dans l’exécution de Florent de Montmorency, baron Montigny, frère du comte de Hornes, était-il rattaché à la troisième famille de Peralta. Dans ce cas, nos Peralta, venus de Simancas, auraient été directement issus d’une branche cadette des marquis de Falcès (troisième maison de Peralta), comme ils le prétendaient d’ailleurs (voir Supplément Au nobiliaire des Pays-Bas, 1779, verbo Cassina, page 18). Leurs armoiries sont en tout cas parfaitement identiques à celles des premiers, des seconds et des troisièmes Peralta. Cette supposition est renforcée par le texte suivant, consacré à la bibliothèque de Manuel Antonio de Campuzano y Peralta (1728-1786), quatrième comte de Mansilla et célèbre bibliophile espagnol (Wikipédia). Sa mère était Antonia de Peralta y Menéndez (et non Melendez. Voir généalogie) :
No se sabe con certeza si la biblioteca, que estaba en Segovia, se empezó a formar allí, por los Peraltas, o la llevaron desde Santander los Campuzano, más bien parece lo primero pues los Peralta segovianos, asentados en la ciudad desde 1623, eran de cuantioso patrimonio, que les venía de los Martínez de Peralta originarios de la castellana Simancas
On ne sait pas avec certitude si la bibliothèque, qui était à Ségovie, a été initiée, par les Peralta, ou a été amenée de Santander par les Campuzano. Nous penchons pour la première hypothèse parce que les Peralta de Ségovie, installés dans la ville depuis 1623, étaient en possession d’un patrimoine considérable, qui provenait des Martinez de Peralta, de Simancas en Castille.
Sans pouvoir aller plus loin dans l’état actuel de mes recherches, je pense qu’ils descendaient par voie féminine de la branche des Carrillo Peralta de Falcès. Leur double exil (de Simancas à Ségovie, mais surtout de Ségovie à Louvignies) avait nécessairement privé la branche en question de certaines de ses archives.
Pourquoi avoir fait tant d’efforts pour se rattacher à la deuxième maison de Peralta ? Tout simplement, parce qu’aux XVIIIe et XIXe siècles, il était nettement plus glorieux pour les Peralta des Pays-Bas de se présenter comme des Capétiens de la main gauche et de remonter à un des deux héros de la Guerre de Succession de Navarre que de se dire issus illégitimement de l’archevêque de Tolède. De plus, les marquis de Falcès s’étaient éteints dans les Croÿ à la fin du XVIe siècle. Le deuxième marquis de la maison de Croÿ était mort sans postérité en 1682. Rodrigo de Peralta, au moment de son mariage avec Isabelle Cassina, occupait une belle fonction militaire, mais apparaissait comme un inconnu aux Pays-Bas et ne disposait plus d’une branche aînée qui aurait pu attester la parenté entre les deux familles.
Fondateur de la branche belge des Peralta.
Ségovie. 19 février 1669. Baptême de Rodrigue, fils légitime des illustres messieurs (mauvaise traduction) Don Antonio de Peralta y Cascalès, seigneur de Bomblasco, Origuela et Salvador. Régidor à perpétuité de la ville et Dame Isabelle del Rio y Munoz, native de Ségovie. En ligne paternelle don André de Peralta, natif de la ville de Simancas et Françoise de Cascalès (Ségovie). Maternel : Don Francisco Frutos del Rio, natif de la ville de Conja ( ?) et regidor de cette cité à perpétuité et de feue dame Monica Munoz Hinestroza, native de la ville Belmonte
Une étude intéressante lui a été consacrée par Rodolfo Sales dans Le Parchemin de juillet-août 1996, n° 304, et ce à propos de son portrait qui fait penser au peintre Juan Carreño de Miranda (1614-1685), portrait conservé actuellement dans une collection privée en Catalogne. Le personnage ne manque pas de superbe, avec une magnifique perruque à la française (que ne portait pas son roi Charles II) et sa belle armure. Attribuer ce portrait au peintre Juan Carreño de Miranda me paraît un peu hasardeux, Rodrigo étant devenu chevalier de Calatrava le 12 septembre 1685 (d’autres sources parlent du 9 mai), et le peintre étant mort…le 3 octobre de la même année. De plus a) les armes peintes en haut à gauche du portrait ne ressemblent pas à celles des Peralta b) le jeune homme du portrait a manifestement plus de seize ans. En arrivant à Madrid, Rodrigo était devenu page du Roi Charles II. Ceci ne ressemble pas du tout au portrait d’un page. On pourrait penser au successeur de Carreño, soit Sancho Coello, dont ce n’est pas vraiment le style. Dans ce cas le portrait aurait pu être peint au moment du départ de Rodrigo pour les Pays-Bas en janvier 1693. Il avait acquis un certain statut social depuis qu’il avait été avantagé par son père, mort en 1687. Mais la question des armoiries me laisse un peu rêveur…
Voici comment Don Rodrigo décrivait ses états de service en 1719.
Don Rodrigo de Peralta y Cascales Chevalier de l’Ordre de Calatrava, Gentilhomme de la Chambre de S.A.E. de Baviere natif de la ville de Segovie en la vielle Castille at servy de page pendant onzes ans à Sa Majesté Charles Second de Glorieuse memoire et at eté patenté de page de Guidon Royal le 5 de Janvier 1693 (il avait 23 ans ) et est partÿ pour les paÿs bas le 21 de 7bre (septembre) 1693 avec une ordre de laditte majesté pour la première Compagnie de Cavallerie qui viendroit à vacquér.
Le 21 de Janvier 1694 la Compagnie de Cavallerie Luy at eté donnee par S.A.E. de Baviere comme Gouverneur des paÿs bas.
Le 15 de maÿ 1698 at eté honoré par patente de Laditte A.E. au nom de Laditte majesté Charles Second du caractere de Capitaine de La Compagnie des guardes d’harquebuteux des Chevaux gris.
Le 21 avril 1701 (donc un an an après la mort du dernier Habsbourg d’Espagne) at eté honoré par patente de S.A.E. donnee a Munich du Caractere de Colonel de Cavallerie Cuirassiere Espagnolle.
Le 25 d’avril 1704 par patente de Sa majesté Philippe V donnee a Plallentra ( ?) at eté honoré du Caractere de Brigadier de Cavallerie pour les armees de Flandre.
Le 18 de fevrier 1706 par patente de S.A. E. de Baviere Vicaire General des paÿs bas at eté honoré du Gouvernement de la Ville et forteresse de Charleroÿ et y at eté continué pendant la Souveraineté de Ladtte alteze Electoral.
Le 31 d’octobre 1706 at eté honoré par Ladtte A.E. du Caractere de mareschal de Camp des armees du Roy en Flandre.
De sorte que le tout ensemble font trente et trois ans de Service
Cette arithmétique un peu étrange doit tenir compte de la date de son état de services. Nous savons qu’il acquit la seigneurie de Louvignies le 13 février 1717 et qu’il était encore devant Gibraltar en 1727. Le texte doit donc se situer autour de 1715 si l’auteur remonte à ses débuts de page du roi Charles II.
La date de son mariage avec Isabelle-Françoise de Cassina, fille de Philippe-Guillaume, comte de Wonsheim, baron de Boelaere, 1er beer de Flandre, et de Marie-Thérèse van Cauteren, dame de Neerbrakel, est étrange, par rapport à la naissance de ses enfants. A croire que la plupart des enfants pour lesquels je n’ai pas d’indication (cf. infra) sont nés avant 1717. En effet, l’extrait authentique de l’acte indique qu’il eut lieu le 28 novembre 1703. Elle devait être très jeune puisque sa sœur cadette vécut jusqu’en 1778.
Ce n’est que bien plus tard, soit le 13 février 1716, qu’il fit l’acquisition de Louvignies dans le Hainaut, sans doute avec la dot d’Isabelle. Le château consistait essentiellement en une grosse tour, baptisée « tour des Sarrasins », ce qui ne pouvait que donner un peu de nostalgie à un Espagnol. Il fit rebâtir un logis relativement modeste autour de sa « campagne ». Le 17 février 1717, ayant prouvé sa noblesse, il fut admis à l’Etat noble du comté de Hainaut.
Don Rodrigo de Peralta et Isabelle de Cassina laissèrent pour enfants :
1- Philippe Joseph de Peralta (1717-1795) Chanoine de la Cathédrale de Tournai, il hérita de Louvignies et le cèda en 1760 à son frère José. Un article sur lui a paru dans le Parchemin de septembre-octobre 2014 (n° 413), écrit par Bernard Vandermeersch. Il fut tonsuré le 6 mai 1725 à l’âge de huit ans et fut à Tournai en 1734. Avec 3.000 florins de revenus par an, il figurait parmi les chanoines les plus prospères des Pays-Bas.
2- Philippe Joseph Félix dit José de Peralta (il suit)
3- Rodrigo de Peralta, Capitaine au Régiment des Gardes d’infanterie wallonnes. Le 9 mai 1770, comme il résidait à Madrid, il donna procuration à son frère aîné, Philippe-Joseph, pour régler les affaires de la succession de leur mère, et entre autres un capital de dix mille florins argent.
4- Radegonde Monique de Peralta, (1722-1790) Abbesse de l’Abbaye de Ghislenghien
5- Maximilienne Josèphe de Peralta, ( née en 1726, religieuse à l’Abbaye de Ghislenghien
6 – Louisa de Peralta y Cassina, ép. Luis Domingo de Contreras Giron y Ortega de Lara, marquis de Lozoya (né en 1711) fils de Juan, marquis de Lozoya ,et Francisca Bernarda de Ortega de Lara y Chacon. Leur fille aînée épousa Francisco José de Chaves y Contreras, marquis de Quintanar. Les marquis de Lozoya, qui portent aussi le titre de marquis de Villanueva del Castillo, étaient et sont toujours la première famille de Ségovie dont l’aîné bénéficiait de la fonction de « regidor héréditaire ».
Après la mort à Gand, le 1er septembre 1778, de leur tante Anne-Marie de Cassina, tant les Contreras que les Peralta de la branche aînée – du fait de Felipa ci-dessous – intervinrent pour prendre part à sa succession. A l’inverse de sa sœur Isabelle, Anne-Marie avait traversé le siècle.
(ci-dessous : porte d’entrée du palais des marquis de Lozoya à Ségovie)
7- Filipa de Peralta y Cassina, qui épousa son cousin germain espagnol, Juan-Alfonso de Peralta y 8- Menendez chef de la famille.
9- Alfonsa
10- Inès
11- Rosa
12- Francisca
13- Florencia
14- Maria
15- Teresa.
M. Jean-Philippe Huys m’a signalé un autre fils en 2006.
On écrit de Compiegne que le / 4 de ce mois l’Electeur de Baviere y fit la ceremonie avec/ Mademoiselle de Montigny, de donner le nom de Maxi-/milien-Emanuel-Charles au fils de Mr. de Peralta, Gentil-/homme de sa Chambre, Marechal de Camp, & Gouver-/neur de Charleroi.
Le 4 novembre (1714), le duc de Bavière était parrain, dans la chapelle du château de Compiègne, du jeune Maximilien-Emmanuel-Charles, fils de Don Rodrigo de Peralta, gentilhomme de sa chambre, maréchal de camp de ses armées et son gouverneur pour les ville et château de Charleroi, et de Mlle Elisabeth de Cassina, née baronne de Boulers. La marraine fut Mlle Marie-Honorine de Montigny, princesse de Berghes, dame de la Cour bavaroise .
Fameux clin d’œil de l’histoire : Marie-Honorine de Berghes, dite Mademoiselle de Montigny, épouse de Louis-Joseph, comte d’Albert de Luynes, était la maîtresse de l’Electeur de Bavière, mais aussi la fille de Jacqueline de Lalaing-Hoogstraeten, comtesse de Rennenberg, baronne de Montigny, terre qui venait de son arrière-grand-oncle, Florent de Montmorency, la victime d’Eugenio Carrillo de Peralta. Elle portait le même prénom que sa tante, la deuxième marquise de Trazegnies.
6°) Philippe-Joseph, dit José de Peralta y Cassina (1718-1797). Reconnu officiellement comme « comte » en 1792.
Voici la mention de son registre de baptême :
Le pere Dom Rodrigue de Peralta, illustre seigneur, chevalier de l’Ordre de Calatrava, gentilhomme de la Chambre de Son Altesse électoral de Bavière, général en ses troupes, seigneur de Louvignies, la mère Isabelle de Cassina, noble et illustre dame née comtesse deWonsheim, baronne de Boulers. Baptème 26 février 1718. Extrait du registre de Louvignies en 4 août 1792. Parrain : Jean Philippe vandernoot, évêque de Gand. Marraine : Marie dideghem, vicomtesse de Loz
Jusqu’en 1762, il fut un soldat zélé au service de la France, avant de combattre pour Karl-Theodor, Electeur palatin et plus tard duc de Bavière.
En témoigne une lettre signée par le marquis d’Argenson :
A Versailles le 4 mars 1754
Je viens, Monsieur, de rendre compte au Roy de vos services et de la façon distinguée avec laquelle vous vous êtes comporté en Corse.
Je vous annonce avec plaisir que Sa Maté a bien voulu pours donner des marques de la Satisfaction qu’elle en a, vous accorder une commission pour tenir rang de Lieutenant Colonel et une place de chevalier dans l’ordre militaire de St Louis. Je suis, Monsieur, votre très humble et tès obéissant Serviteur.
D’Argenson
Le S. Chr de Peralta dans Royal Bavière
Ayant reçu Louvignies en 1760, il fit comme son père et chercha une épouse un peu tardivement. L’élue qu’il dénicha en 1769 (il avait 51 ans) était Marie-Thérèse de Maillen (1741-1811). Elle appartenait à une famille provinciale d’ancienne noblesse, mais qui était devenue fort riche au XVIIIe siècle grâce à des mariages avantageux. De plus, au moment du mariage, Marie-Thérèse était potentiellement l’héritière de sa famille.
Tout allait bien dans le meilleur du monde des châteaux, sauf que Monsieur de Peralta, héritier de tant de gloires et membre de la noblesse des Etats de Hainaut (il devint plus tard gentilhomme de la Clé d’Or de l’Electeur de Bavière et son chambellan), se sentait un peu diminué face à toutes les personnes titrées de sa parenté. Quand la Révolution française éclata, il se dit qu’il ne fallait pas trop attendre pour régulariser son statut social, situation qui pouvait néanmoins le conduire à la guillotine. Nous avons deux documents signés par C. Beydaels de Zittaert, conseiller et roi d’armes,
dont l’un (Note pour Mr le Comte de Peralta, Seigneur de Louvignies. Non daté) indique : Enregistrement du titre de comte 200 livres
et l’autre, daté du 26 juin 1792 (enregistrement d’une pièce espagnole pour la chambre héraldique, avec procuration donnée par « Monsieur le Comte De Peralta, Seigneur de Louvignies )
Si l’on sait que la première période d’occupation française date de novembre 1792, on se dit que le seigneur de Louvignies avait pris de vitesse les révolutionnaires… Cerise sur le gâteau : ladite occupation française se fit sous le commandement de Dumouriez, qui avait été ministre de Louis XVI et qui s’opposait à une radicalisation de la République. Après l’exécution du roi (21 janvier 1793), Danton réclama l’annexion de nos provinces, mais les Autrichiens gagnèrent la bataille de Neerwinden le 18 mars et revinrent chez nous pour un an, préservant de la Terreur les amoureux des privilèges ( !!!) et le ci-devant comte de Peralta. Bien entendu, dès 1794, les ci-devant durent un peu souffrir ; les droits féodaux furent abrogés de même que toutes les distinctions citoyennes, mais « la Veuve » (la guillotine) se fit plus accommodante.
Son train de vie étant plutôt modeste, Philippe-Joseph ne semble pas avoir été inquiété. Il mourut en 1797 et sa veuve en 1811.
De Philippe-Joseph, comte de Peralta y Cascalès et de Marie-Thérèse de Maillen est issue :
Marie-Louise de Peralta y Cascalès (Louvignies 1770-1802), héritière de Louvignies, ép. 27 juillet 1798 Balthazar de Villegas, dit « le chevalier de Saint Pierre », (né le 2 mai 1755, + Bruxelles 20 octobre 1835. Il était le troisième fils de Gaspard-Bernard, comte de Saint-Pierre Jette et de Marguerite-Theodora van der Laen, dame de la Thieuloye.
(pour la suite voir ARMOIRE MAGIQUE à la page VISITE)